Fiston Mwanza Mujila: Tanz der Teufel
Übersetzt aus dem Französischen von Katharina Meyer und Lena Müller
Zweisprachige Leseprobe

Tshiamuena était née pour régenter. Quelle femme ! Les bras en l’air, comme si un fusil était pointé sur elle, elle déblatérait en pizzicato ; et nous autres dans nos haillons restions telles des statues de sel, immobiles, insensibles à la chaleur et au froid, à la famine, à la fatigue, à la frousse d’un éboulement prochain, à gober ses souvenirs comme des petits pains beurrés au soya. Tshiamuena délirait, l’air de rien, et nous autres, nous nous abreuvions de ses fantasmes. Les masculinités toxiques et excessives étaient broyées dans l’œuf. Ses paroles vous touchaient, vous descendaient dans l’œsophage, vous laminaient le système cérébral, et on en sortait éreinté, vraiment à bout de souffl e comme si on avait échappé à un sale pogrom ou même passé mille ans dans un bagne. Ses fatigues incontrôlées, ses crises de nerfs, sécrétions de bave, vomissements, pertes momentanées de la parole, de l’ouïe ainsi que de l’odorat, ses tremblements des pieds et de la tête, sa somnolence intempestive, apportaient de l’eau au moulin de ceux qui l’accusaient d’appartenir à une secte et de pirater la chance des uns et des autres, de même qu’elle les empêchait de toucher le pactole sans sacrifi er un membre de la famille. Des somptueux moments de silence – que même les soldats de la rébellion de l’Unita ne s’amusaient pas à enfreindre – clôturaient ses incantations. Ce silence s’imposant de soi était plus épais que l’inanition des corps repus par le creusage ou le désespoir de rentrer mains bredouilles à Kinshasa. Le silence en même temps que sa voix de crécelle et l’assurance rare avec laquelle elle narrait ses inepties était le quotidien de ces nuits longilignes, privées d’ampoules, de lampes à huile et de bon Dieu par-dessus-le-marché.

Dans les années 70, déclarait-elle, la gorge sèche, un regard vide de moribond ou de quelqu’un qui a perdu ses deux parents le même jour, l’Angola était un paradis pour les Zaïrois opportunistes, audacieux et amoureux de l’argent facile. Tous les Zaïrois de Kinshasa et du Kasaï en âge de convoler en noces et de se remplir la bedaine ne juraient plus que par l’Angola. Les colons portugais avaient pris leurs cliques et leurs claques et vidaient la Colonie dans la précipitation. L’Unita du docteur Jonas Savimbi et le MPLA de José Eduardo Dos Santos qui pourtant avaient combattu de concert pour l’Indépendance se livraient une bataille d’arrière-garde pour le monopole du pouvoir. Sur ces entrefaites, l’Angola, susurrait Tshiamuena, l’air défait et au bord de larmes, devenait une passoire. Des frontières poreuses. La débandade dans les deux sens. Des Zaïrois de votre âge débarquaient par dizaines, centaines, équipés de toutes sortes de marchandises. L’Angola était coupé du monde. Et les produits de première nécessité tels que les tissus Wax, les cigarettes, la bière, les transistors, les boîtes de conserve, les bottes en caoutchouc, le sucre et le sel, le savon, les vêtements de second pied s’arrachaient comme vous n’avez pas la moindre idée. On troquait mille fois ces produits contre la pierre.

Tshiamuena était une conteuse hors pair. Elle récapitulait le même récit cinquante fois. Et à chaque évocation, l’histoire prenait une autre saveur. Témoin oculaire, vivant et séculaire de cette époque dorée – la guerre étant la période la plus généreuse pour faire les affaires, c’est quitte ou double, soit vous vous gavez, soit vous y laissez et votre fric et votre peau – elle regrettait que certains Zaïrois se soient honteusement rempli les poches sur le dos de l’Angola alors qu’elle-même ne manquait pas de pierres dans ses vêtements. Elle disait que les Angolais n’avaient pas la tête à la fête, et par conséquent pas les yeux sur les diamants. Ils s’entre-déchiraient et les diamants chômaient.

 

Fiston Mwanza Mujila: La Danse du Vilain. Metailié, 2020, p. 13-15.

Tshiamuena war geboren, um zu herrschen. Was für eine Frau! Mit erhobenen Armen, als wäre ein Gewehr auf sie gerichtet, wütete sie im Pizzicato; und wir, in unseren Lumpen, erstarrten zu Salzsäulen, bewegungslos, unempfindlich gegen Hitze und Kälte, gegen Hunger, gegen Müdigkeit, gegen die Angst vor einem drohenden Erdrutsch, und stopften uns voll mit ihren Erinnerungen, als wären es Butterbrötchen mit Tofu. Tshiamuena delirierte, anders konnte man es nicht nennen, und unsereins labte sich an ihren Fantasien. Toxische und übertriebene Männlichkeit wurde im Keim erstickt. Ihre Worte berührten uns, flossen uns die Speiseröhre hinunter, walzten uns durchs Hirn und ließen uns ausgelaugt, völlig außer Atem zurück, wie nach einem üblen Pogrom oder nach tausend Jahren Arbeitslager. Ihre unkontrollierbare Müdigkeit, ihre Nervenzusammenbrüche, ihr Speichelfluss, ihr Erbrechen, ihr kurzfristiger Verlust von Sprache, Gehör und Geruch, ihr Zittern an Füßen und Kopf, ihre plötzliche Schläfrigkeit, waren Wasser auf den Mühlen derer, die ihr vorwarfen, einer Sekte anzugehören und den Leuten das Schürferglück zu rauben, sodass sie nie das große Los ziehen würden, ohne dafür mindestens ein Familienmitglied zu opfern. Andächtiges Schweigen – das selbst die Soldaten der UNITA–Rebellion nicht brachen – beendete ihre Predigten. Dieses mächtige Schweigen wog schwerer als die vom Graben entkräfteten Körper oder die Verzweiflung, mit leeren Händen nach Kinshasa zurückzukehren. Die Stille war, zusammen mit ihrer krächzenden Stimme und der ungeheuren Selbstsicherheit, mit der sie daherredete, das tägliche Brot jener langen Nächte ohne Glühbirne, Öllampe, ohne lieben Gott.

„In den 70er Jahren“, sagte sie mit trockener Kehle und dem leeren Blick einer Sterbenden oder einer plötzlichen Vollwaisen, „war Angola ein Paradies für opportunistische, unverfrorene und ins schnelle Geld verliebte Zairer. Alle Zairer aus Kinshasa und Kasaї, die alt genug waren, um in den Stand der Ehe zu treten und sich den Bauch vollzuschlagen, schworen auf Angola. Die portugiesischen Siedler hatten Kind und Kegel zusammengerafft und in aller Eile die Kolonie geräumt. Die UNITA von Dr. Jonas Savimbi und die MPLA von José Eduardo Dos Santos, die gemeinsam für die Unabhängigkeit gekämpft hatten, lieferten sich einen nachträglichen Kampf um das Machtmonopol. „Damals“, flüsterte Tshiamuena, ganz aufgelöst und den Tränen nahe, „verwandelte sich Angola in ein Sieb. Poröse Grenzen. Massenflucht in beide Richtungen. Zairer, nicht älter als ihr selbst, strömten zu Dutzenden, zu Hunderten ins Land, beladen mit allen möglichen Waren. Angola war von der Welt abgeschnitten. Und ihr könnt euch gar nicht vorstellen, wie ihnen die Dinge des täglichen Gebrauchs wie Waxstoffe, Zigaretten, Bier, Transistorradios, Konservenbüchsen, Gummistiefel, Zucker und Salz, Seife, Second–foot–Klamotten aus der Hand gerissen wurde. Diese Produkte wurden mit Diamanten aufgewogen.“

Tshiamuena war eine hervorragende Erzählerin. Sie konnte dieselbe Geschichte fünfzig Mal zum Besten geben. Und in jeder Fassung nahm sie eine andere Färbung an. Als lebendige und jahrhundertealte Augenzeugin dieses goldenen Zeitalters – Krieg ist die günstigste Gelegenheit, um Geschäfte zu machen, es gilt alles oder nichts, entweder ihr fahrt dicke Gewinne ein oder sie ziehen euch das Fell über die Ohren – fand sie es bedauerlich, dass so mancher Zairer sich auf Kosten von Angola eine goldene Nase verdient hatte, und das, obwohl auch sie nicht wenig Klunker eingesackt hatte. Sie sagte, den Angolanern sei nicht nach Feiern zumute gewesen und somit auch nicht nach Diamanten. Sie zerfleischten sich gegenseitig und die Diamanten lagen untätig herum.

 

Fiston Mwanza Mujila: Tanz der Teufel. Aus dem Französischen von Katharina Meyer und Lena Müller. Zsolnay Verlag, 2022, S. 10-12.